La nuit a un autre sens que le jour

« Japon de nuit » comme un univers parallèle, comme un temple de lumière, comme une incantation.

La poésie n’a pas d’heure, elle est un instant, en voici un.

Il y a le Japon de jour et il y a le Japon de nuit. Le jour expose les villes à leur vulgarité : leur béton, leur goudron, leur plastique. Les panneaux publicitaires se sont éteints. Les électrons, qui devraient en parcourir les veines métalliques, restent statiques et interdits, ne sachant où aller. Partout est la lumière mais rien ne brille, toutes les couleurs sont blanches.

Sur les façades des immeubles, les fissures triomphent et abritent le noir de la pollution. Les câbles électriques s’emmêlent au-dessus des rues et enserrent l’air comme pour le prendre en otage. Les travailleurs passent sans même le remarquer. Ils attrapent des métros, sautent dans des taxis, jettent des coups d’œil incrédules sur leur montre. Mais au bout de sa course, le jour finit toujours par s’essouffler.

Alors, tout prend une nouvelle signification. L’ombre de la nuit s’étend sur les murs et les toits. Elle leur offre la pudeur que le jour refuse. Les câbles électriques s’enfoncent dans l’obscurité et quelques yeux curieux découvrent le ciel libéré de ces filets. Les taxis ralentissent et les métros se font plus rares. La ville devient mystérieuse ; les formes s’oublient dans le prisme des flashes bleus, violets, rouges, oranges, verts et jaunes des panneaux qui s’éclairent. Il semble que des milliers d’âmes invisibles de jour se donnent rendez-vous pour célébrer le déclin du soleil. Païennes incertaines, elles prêchent l’illumination. De l’électricité, elles font un art, une religion. De leurs prières, une respiration.

JeDivague, La nuit a un autre sens que le jour, 2016.


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